Thèmes au programme de culture générale et expression en deuxième année de BTS - session 2024
Le BTS n’enseigne pas la philosophie en tant que telle, mais la culture générale. En deuxième année, le programme est axé sur deux thèmes, dont l’un change chaque année. Le BO n°11 du 16 mars 2023 du MESR présente les thèmes au programme de la rentrée 2023 pour la session 2024.
L’arrêté du 16 novembre 2006 définissant les objectifs, les contenus de l’enseignement et le référentiel des capacités du domaine de la culture générale et expression pour les brevets de technicien supérieur paru au Journal officiel de la République française le 29 novembre 2006 prévoit que deux thèmes sont étudiés en deuxième année de BTS.
Thème n° 1 - Invitation au voyage...
Problématique
Longtemps apanage d’une élite sociale, le voyage s’est désormais démocratisé. La variété des moyens de transports, la baisse des coûts, la facilité de l’organisation du voyage en ligne, clé en main, donnent au plus grand nombre l’opportunité de se déplacer vers des destinations lointaines. Pourtant, tout le monde ne voyage pas : la peur de l’inconnu, les risques éventuels, l’éloignement de l’environnement familier ou encore les dépenses occasionnées peuvent freiner l’envie de partir.
Mais pourquoi voyageons-nous ? Certes, nous sommes parfois contraints de nous déplacer pour des raisons professionnelles ou des motifs familiaux, mais le temps des vacances est une invitation au dépaysement, à l’agrément et à l’exotisme, à la découverte de l’ailleurs. Voyager, c’est alors prendre le large et, quand on part, on ne revient pas toujours le même : le voyage est un rite de passage qui permet de faire l’expérience de soi-même face aux autres, face à l’inconnu. Ainsi, les peintres ont longtemps fait le voyage en Italie, les aristocrates ont eu leur Grand Tour et les étudiants européens peuvent participer au programme Erasmus. Cependant s’agit-il encore de la même conception du voyage ?
Aujourd’hui, le tourisme déplace des foules selon des itinéraires balisés, au mépris des conséquences écologiques. La mondialisation des enseignes de commerce abolit les différences géographiques et culturelles : le voyageur actuel est semblable à certains contemporains de Montaigne qui, partout où ils vont « se tiennent à leurs façons ». Peut-on véritablement parler de la découverte de nouveaux territoires lorsqu’on ne fait que se délocaliser du même au même ? On se photographie devant des monuments, des paysages ou des plats exotiques - selfies aussitôt mis en ligne pour donner une image de soi qui suscite admiration et envie. Est-ce encore voyager, que de voyager sans changer de regard, sans s’oublier soi-même pour s’ouvrir aux autres ?
Thème n° 2 - Paris, ville capitale ?
Problématique
Avec plus de 2 millions d’habitants et 10 millions de visiteurs chaque année, Paris compte parmi les villes les plus attractives et les plus fascinantes au monde. Cette capitale est le siège de tous les pouvoirs, qu’ils soient politiques, économiques, juridiques et médiatiques, mais aussi des grandes institutions. Elle réunit un patrimoine historique et religieux extraordinaire, d’innombrables lieux dédiés aux arts, des parcs et des jardins qui nuancent la densité urbaine. Que l’on habite Paris, la province ou encore les outre-mer, que l’on connaisse bien la ville ou que l’on n’y soit jamais venu, chacun de nous a un lien singulier avec la capitale de la France.
Dans notre imaginaire, Paris est la ville de tous les possibles, de la liberté, de l’émancipation et de l’ascension sociale. « Monter à la capitale » a longtemps été la clé pour conquérir le monde. Paris offre ainsi aux jeunes ambitieux des romans du XIXe siècle la possibilité d’accéder à différents milieux et au pouvoir. « Paris est un véritable océan », nous dit le narrateur du Père Goriot. Mais ces récits ont-ils encore leur pertinence aujourd’hui ? Quelle est la place et le rôle d’une capitale dans un espace mondial connecté et accessible, au moins virtuellement, à tous ?
Comme toutes les grandes villes contemporaines, Paris propose un mode de vie marqué par la modernité, le pouvoir, la vitesse et la solitude, dans une vision du monde binaire qui réserverait à la province la nature, l’authenticité, la lenteur, une certaine beauté et une meilleure qualité de vie. Cette promesse a conduit de nombreux Parisiens à imaginer une vie différente, loin de la métropole, notamment depuis le début de la crise sanitaire de 2019. À l’heure du télétravail, cet exode interroge la centralisation dans la capitale du pouvoir politique et de l’activité économique. La vraie vie, l’authenticité sont-elles réellement hors de Paris, forcément ailleurs ?
Paris a traditionnellement l’image d’une ville qui fait la part belle à la fête et à la liberté. La vie parisienne est aussi une vie nocturne, faite d’excès, avec ses codes particuliers et ses univers interdits. La ville prend alors un tour inquiétant, avec ses espaces interlopes, ses rues malfamées, ses personnages infréquentables. Cette vision festive et marginale de la capitale nous fait-elle encore rêver ? Quel rôle jouent les artistes dans l’imaginaire que convoie la ville ? Au fil du temps, Paris ne serait-elle pas devenue une imagerie, un décor de cinéma ?
Derrière l’image convenue de la « Ville Lumière », la capitale est aussi le reflet des fractures et des inégalités sociales. Il est de plus en plus difficile de se loger et de vivre dans une cité en pleine gentrification qui exclut les plus pauvres, mais aussi les classes moyennes. Dans ces conditions, peut-on encore y faire société ?
Paris joue un rôle majeur dans notre pays et notre imaginaire. Chacun connaît son pouvoir poétique et romanesque. Mais, qu’est-ce que le récit de Paris dit de l’état de notre société, du rapport des individus au monde, à l’espace et au pouvoir ?
Retrouvez l’intitulé, la problématique et les indications bibliographiques de chacun des deux thèmes prévus pour la session 2024 dans le BO n°11 du 16 mars 2023