Philosophie

Sujets des concours de philosophie 2005

vendredi, 23 décembre 2011

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Tous les sujets de philosophie des concours session 2005.

CAPES interne

Pas de CAPES interne de philosophie session 2005.

AGRÉGATION interne

1er et 2 février 2005

Durée = 6 h 30.

Le candidat a le choix entre les deux textes suivants.

Texte n° 1

Les bêtes sont purement empiriques et ne font que se régler sur les exemples, car elles n’arrivent jamais à former des propositions nécessaires, autant qu’on en peut juger ; au lieu que les hommes sont capables des sciences démonstratives. C’est encore pour cela que la faculté que les bêtes ont de faire des consécutions est quelque chose d’inférieur à la raison qui est dans les hommes. Les consécutions des bêtes sont purement comme celles des simples empiriques, qui prétendent que ce qui est arrivé quelquefois arrivera encore dans un cas où ce qui les frappe est pareil, sans être capables de juger si les mêmes raisons subsistent. C’est par là qu’il est si aisé aux hommes d’attraper les bêtes, et qu’il est si facile aux simples empiriques de faire des fautes. C’est de quoi les personnes devenues habiles par l’âge et par l’expérience ne sont pas exemptes lorsqu’elles se fient trop à leur expérience passée, comme il est arrivé à plusieurs dans les affaires civiles et militaires, parce qu’on ne considère point assez que le monde change et que les hommes deviennent plus habiles en trouvant mille adresses nouvelles, au lieu que les cerfs ou les lièvres de ce temps ne deviennent point plus rusés que ceux du temps passé. Les consécutions des bêtes ne sont qu’une ombre du raisonnement, c’est-à-dire ce ne sont que connexions d’imagination, et que passages d’une image à une autre, parce que dans une rencontre nouvelle qui paraît semblable à la précédente, on s’attend de nouveau à ce qu’on y trouvait joint autrefois, comme si les choses étaient liées en effet, parce que leurs images le sont dans la mémoire. Il est vrai qu’encore la raison conseille qu’on s’attende pour l’ordinaire à voir arriver à l’avenir ce qui est conforme à une longue expérience du passé, mais ce n’est pas pour cela une vérité nécessaire et infaillible, et le succès peut cesser quand on s’y attend le moins, lorsque les raisons changent qui l’ont maintenu. C’est pourquoi les plus sages ne s’y fient pas tant qu’ils ne tâchent de pénétrer quelque chose de la raison (s’il est possible) de ce fait pour juger quand il faudra faire des exceptions. Car la raison est seule capable d’établir des règles sûres et de suppléer ce qui manque à celles qui ne l’étaient point, en y insérant leurs exceptions ; et de trouver enfin des liaisons certaines dans la force des conséquences nécessaires, ce qui donne souvent le moyen de prévoir l’événement sans avoir besoin d’expérimenter les liaisons sensibles des images, où les bêtes sont réduites, de sorte que ce qui justifie les principes internes des vérités nécessaires distingue encore l’homme de la bête.

G. W. Leibniz, Nouveaux Essais sur l’entendement humain, Préface.

Texte n°2

Origine de la logique. — D’où la logique est-elle née dans la tête des hommes ? Certainement de l’illogisme dont le domaine a dû être immense à l’origine. Mais d’innombrables êtres, qui concluaient autrement que nous ne le faisons maintenant, dépérirent : il se pourrait que ce fût encore plus vrai qu’on ne pense ! Qui, par exemple, ne savait discerner assez souvent l’« identique », quant à la nourriture ou quant aux animaux dangereux pour lui ; qui par conséquent était trop lent à classer, trop circonspect dans le classement, avait moins de chances de survivre que celui qui tombait immédiatement sur l’identique parmi tous les semblables. Mais la tendance prédominante à considérer le semblable comme l’identique — tendance illogique, car il n’y a rien d’identique en soi — cette tendance a créé le fondement même de la logique. Il fallait de même, pour que pût se développer le concept de substance qui est indispensable à la logique — encore que rien de réel ne lui corresponde au sens le plus rigoureux —, que durant fort longtemps la mutabilité des choses restât inaperçue et ne fût pas appréhendée ; les êtres ne voyant pas suffisamment avaient une avance sur ceux qui percevaient toutes choses « dans un flux ». Toute extrême circonspection à conclure, toute tendance sceptique constituent à elles seules un grand danger pour la vie. Nul être vivant ne se serait conservé, si la tendance contraire à affirmer plutôt qu’à suspendre le jugement, à errer et à imaginer plutôt qu’à attendre, à approuver plutôt qu’à nier, à juger plutôt qu’à être juste, n’avait été stimulée de façon extraordinairement forte. —Le cours des pensées et des conclusions logiques dans notre cerveau actuel répond à un processus et à une lutte d’impulsions qui par elles-mêmes sont toutes fort illogiques et injustes : l’antique mécanisme se déroule à présent en nous de façon si rapide et si dissimulée que nous ne nous apercevons jamais que du résultat de la lutte.

Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir, Livre III, n°111
(Traduction Pierre Klossowski, revue par Marc B. de Launay, et modifiée)

Durée = 7 h

Tout énoncé admet-il une interprétation ?

CAPES externe

2 et 3 mars 2005

Durée = 6h

L’expérience.

Durée = 6h

En présence d’un produit des beaux-arts, il faut que nous prenions conscience qu’il est un produit de l’art et non de la nature ; mais il faut cependant que dans sa forme la finalité apparaisse aussi libre de toute contrainte par des règles arbitraires que s’il était un produit de la simple nature. C’est sur ce sentiment de la liberté dans le jeu de nos facultés de connaître, jeu qui toutefois doit en même temps être final, que repose ce plaisir, le seul qui soit communicable de façon universelle, sans cependant se fonder sur des concepts. La nature était belle au moment où elle avait l’air d’être de l’art ; et l’art ne peut être qualifié de beau que lorsque nous avons conscience qu’il est de l’art cependant qu’il a l’air d’être nature.

En effet, qu’il s’agisse de la beauté de la nature ou de celle de l’art, nous pouvons dire de manière générale : est beau ce qui plaît dans la simple appréciation (et non pas dans la sensation des sens, non plus qu’au moyen d’un concept). Or l’art a toujours une intention déterminée de produire quelque chose. Mais, si ce quelque chose était la simple sensation (quelque chose de simplement subjectif) devant être accompagnée de plaisir, ce produit ne plairait dans l’appréciation que par la médiation du sentiment des sens. Si l’intention visait à la production d’un objet déterminé, alors, si c’est par l’art qu’elle se réalise, c’est seulement par concept que l’objet plairait. Mais dans les deux cas, ce n’est pas dans la simple appréciation que l’art plairait ; c’est en tant que mécanique, et non en tant que beau qu’il plairait.
Il faut donc que dans le produit des beaux-arts, la finalité, tout intentionnelle qu’elle est, ne paraisse cependant pas intentionnelle ; c’est-à-dire qu’il faut que les beaux-arts aient l’air d’être nature lors même qu’on en a conscience comme de l’art. Or ce qui fait qu’un produit de l’art apparaît comme nature, c’est que si parfaitement exacte soit l’observance des règles indispensables pour que le produit puisse être ce qu’il doit être, elle ne soit cependant pas pénible ; il ne faut pas que le produit laisse transparaître la forme de l’école, c’est-à-dire qu’il porte trace apparente que l’artiste a eu la règle sous les yeux et que celle-ci a imposé des chaînes aux facultés de l’esprit.

KANT, Critique de la faculté de juger,
1ère partie, § 45 (traduction L. Guillermit).

AGRÉGATION externe

12, 13 et 14 avril 2005

Durée=7h

Ordre, nombre, mesure.

Durée=7h

Avoir.

Durée=6h