vendredi, 23 décembre 2011
http://philosophie.ac-amiens.fr/140-sujets-des-concours-de-philosophie-2002.html
Tous les sujets de philosophie des concours sessions 2002.
Composition de philosophie.
Durée = 6 h.
Science et technique.
(20 et 21 février 2002)
Durée = 6 h 30.
Le candidat a le choix entre les deux textes suivants.
L’étude ordonnée du texte choisi doit lui permettre, en déterminant ce dont il est question dans le texte, d’en dégager les éléments pour une leçon ou une suite organisée de leçons.
Texte n°1
Notre âme est faite pour penser, c’est-à-dire pour apercevoir : or un tel être doit avoir de la curiosité ; car, comme toutes les choses sont dans une chaîne où chaque idée en précède une et en suit une autre, on ne peut aimer à voir une chose sans désirer d’en voir une autre ; et, si nous n’avions pas de désir pour celle-ci, nous n’aurions eu aucun plaisir à celle-là. Ainsi, quand on nous montre une partie d’un tableau, nous souhaitons de voir la partie que l’on nous cache,à proportion du plaisir que nous a fait celle que nous avons vue.
C’est donc le plaisir que nous donne un objet qui nous porte vers un autre ; c’est pour cela que l’âme cherche toujours des choses nouvelles, et ne se repose jamais.
Ainsi, on sera toujours sûr de plaire à l’âme lorsqu’on lui fera voir beaucoup de choses, ou plus qu’elle n’avait espéré en voir.
Par là on peut expliquer la raison pourquoi nous avons du plaisir lorsque nous voyons un jardin bien régulier, et que nous en avons encore lorsque nous voyons un lieu brut et champêtre ; c’est la même cause qui produit ces effets. Comme nous aimons à voir un grand nombre d’objets, nous voudrions étendre notre vue, être en plusieurs lieux, parcourir plus d’espace ; enfin notre âme fuit les bornes, et elle voudrait, pour ainsi dire, étendre la sphère de sa présence : ainsi c’est un plaisir pour elle de porter sa vue au loin. Mais comment le faire ? Dans les villes, notre vue est bornée par des maisons ; dans les campagnes, elle l’est par mille obstacles ; à peine pouvons-nous voir trois ou quatre arbres. L’art vient à notre secours, et nous découvre la nature qui se cache elle-même. Nous aimons l’art, et nous l’aimons mieux que la nature, c’est-à-dire la nature dérobée à nos yeux ; mais quand nous trouvons de belles situations, quand notre vue en liberté peut voir au loin des prés, des ruisseaux, des collines, et ces dispositions qui sont, pour ainsi dire, créées exprès, elle est bien autrement enchantée que lorsqu’elle voit les jardins de Le Nostre ; parce que la nature ne se copie pas, au lieu que l’art se ressemble toujours. C’est pour cela que dans la peinture nous aimons mieux un paysage que le plan du plus beau jardin du monde ; c’est que la peinture ne prend la nature que là où elle est belle, là où la vue se peut porter au loin et dans toute son étendue, là où elle est variée, là où elle peut être vue avec plaisir.
Ce qui fait ordinairement une grande pensée, c’est lorsqu’on dit une chose qui en fait voir un grand nombre d’autres, et qu’on nous fait découvrir tout d’un coup ce que nous ne pouvions espérer qu’après une grande lecture.
Montesquieu, Essai sur le goût dans les choses de la nature et de l’art.
Texte n°2
Toute habitude, toute faculté sont conservées et accrues par les actes correspondants, l’habitude de se promener par la promenade, l’habitude de courir par la course. Si on veut être capable de lire ou d’écrire, qu’on lise ou qu’on écrive. Si vous cessez de lire trente jours de suite, si vous faites autre chose, vous verrez ce qui arrivera. Restez couché dix jours, levez-vous et essayez de faire une promenade un peu longue, vous verrez combien vos jambes sont lâches. En général, si vous voulez créer quelque habitude, pratiquez ; si vous voulez ne plus l’avoir, cessez de pratiquer et habituez-vous plutôt à une autre pratique qui remplace la première. Il en est ainsi dans les choses de l’âme : lorsque vous vous mettez en colère, sachez bien que non seulement c’est un mal qui vous arrive actuellement, mais que vous avez accru votre disposition à à la colère et que vous avez jeté des broussailles sur le feu. Lorsque vous succombez à quelqu’un dans le commerce charnel, ne pensez pas qu’il y ait là une unique défaite, pensez que vous avez entretenu et accru votre incontinence. Il est impossible que les actes correspondants ne fassent pas naître des habitudes et des dispositions, si elles n’existaient pas auparavant ou, sinon, ne les augmentent et ne les renforcent.
C’est ainsi, selon les philosophes, que croissent nos infirmités morales. Lorsque vous avez pour la première fois le désir de l’argent, s’il survient une raison qui vous amène à prendre conscience de votre mal, le désir cesse et votre esprit se rétablit dans son état primitif. Mais si vous n’y appliquez aucun remède, il ne revient pas au même état, mais excité de nouveau par l’image correspondante, il s’enflamme de convoitise plus vite que la première fois ; et quand cela se répète continuellement, il s’endurcit et il fixe en lui cette infirmité qu’est l’avarice. Celui qui a la fièvre, puis qui cesse de l’avoir, n’est plus le même qu’avant l’accès de fièvre, s’il ne s’est pas soigné du tout. Il en va pareillement dans les passions de l’âme : il reste en elle des traces et des meurtrissures ; si on ne les efface pas comme il faut, de nouveaux coups de fouet au même endroit produisent non plus des meurtrissures, mais des blessures. Si vous ne voulez pas être irascible, ne nourrissez pas votre disposition à la colère, ne lui jetez rien qui puisse l’accroître. Calmez votre premier accès et comptez les jours où vous ne vous êtes pas mis en colère. "J’avais l’habitude de me mettre en colère tous les jours ; puis ce n’est plus qu’un jour sur deux, un jour sur trois..." ; quand vous aurez dépassé trente, offrez un sacrifice à Dieu ; votre disposition à la colère, qui d’abord s’affaiblit, disparaît ensuite complètement.
Epictète, Entretiens, livre II, chapitre XVIII, trad. E. Bréhier, revue par P. Aubenque.
L’homme n’accomplit-il pleinement son humanité que dans la cité ?
(13 et 14 mars 2002)
Durée = 6h.
Le réel peut-il être contradictoire ?
Durée = 6h :
Quel est le rapport du droit et de l’intérêt ?
(9, 10 et 11 avril 2002)
Durée=7h.
L’incertitude.
Durée=7h.
La vertu de justice.
Durée=6h.
Leibniz, Monadologie §§ 62-69.